6 clés pour parler sexualité avec son enfant autiste
Questions délicates, puberté, signaux d'alerte... Une experte répond aux parents soucieux d'accompagner le développement intime de leur enfant TSA.

Au sommaire :
🍑 Vie intime, affectives et sexuelle des autistes : Anne-Sophie Saus, éducatrice spécialisée dans ce sujet sensible, répond aux préoccupations des parents.
🧰 Boîte à outils : Les possibilités d'aménagement des examens.
👁️ Vu ailleurs : pourquoi les tâches d'hygiène sont difficiles pour les autistes ?
🌞 Belle histoire : Courir pour rendre visible l’invisible !
📘 Spectre lisible : "Jungle", une BD sensible sur l'autisme au féminin.
👩🎓 Conférences en ligne : "Autisme et Alimentation"
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L'éducation à la sexualité pour les personnes TSA nécessite des adaptations fondamentales
"Comme pour beaucoup d'enfants et d'adolescents en situation de vulnérabilité, on n'imagine pas son enfant sexué. On le voit comme un petit être qui a besoin d'accompagnement, qui est fragile". Anne-Sophie Saus, éducatrice à la sexualité, résume l'un des défis majeurs auxquels font face les parents d'enfants autistes.
L'éducation à la sexualité est cruciale pour nos enfants TSA. Anne-Sophie le rappelle d'ailleurs : "Les chiffres au sujet des violences sexuelles subies par les personnes porteuses de TSA sont atroces".
Anne-Sophie a développé une expertise unique dans l'accompagnement des personnes autistes, d'abord dans le cadre de son mémoire de Master 2 en éducation à la sexualité humaine. Elle constate que "les besoins des personnes autistes sont mal explorés par la recherche" et développe par la suite des actions d'éducation à la sexualité individualisées, pour les personnes concernées, les parents ou les professionnels. Cette approche nécessite selon elle "davantage de temps, d'outils mais aussi de modifier la façon qu'on a de travailler en France", très centrée sur le collectif.
Avec passion et pédagogie, elle a accepté de répondre à six questions essentielles pour nous permettre d'accompagner sereinement nos enfants dans leur développement affectif et sexuel.
Y a-t-il un âge pour aborder la sexualité avec un enfant autiste ?
Non, selon Anne-Sophie Saus : "L'éducation à la sexualité peut commencer dès le plus jeune âge." Mais attention, précise-t-elle, "il ne s'agit pas de sexualité au sens génital du terme, mais d'éducation à la vie affective et à l'intimité corporelle, ce qui est complètement différent".
L'OMS identifie cinq stades de développement psychosexuel qui s'appliquent à tous les enfants, y compris ceux avec TSA. Dès 3-6 ans, on aborde "les règles de pudeur". C'est aussi l'âge où l'on apprend "les jeux masculins et féminins - dès la maternelle, beaucoup de stéréotypes de genre sont déjà construits."
À l'école primaire (6-10 ans), on travaille sur "l'hygiène corporelle, l'intimité, les parties intimes du corps qu'on ne montre pas, qu'on ne touche pas" et le consentement : "je dis oui, je dis non, j'ai le droit de dire non."
La pré-adolescence (9-14 ans) apporte "les premières questions sur les transformations corporelles liées à la puberté, les premiers émois amoureux". C'est aussi le moment d'introduire "les notions d'orientation sexuelle de façon très simple : il y a des gens qui tombent amoureux de personnes du même sexe, d'autres de personnes de sexe différent, d'autres des deux. Point."
Enfin, à l'adolescence, on peut aborder "la sexualité génitale, la contraception, le plaisir sexuel, mais toujours en réponse à leurs questions."
"Pour les enfants avec TSA, ces stades peuvent être légèrement décalés mais la chronologie générale reste valable".
Faut-il anticiper les questions sur la sexualité ?
Non, selon Anne-Sophie Saus : "Le premier conseil qu'on donne dans nos formations et aux parents : répondre à une question mais ne pas anticiper avec nos peurs. La question de l'enfant ou de l'ado n'appelle qu'une réponse la plus simple possible et la plus rassurante".
Le piège de l'anticipation : "Avec un enfant TSA, il peut y avoir besoin d'informations plus précises, il n'y a pas de souci. On peut aller loin dans les précisions mais on ne déborde pas de la question". L'exemple qu'elle donne est parlant : "Si un enfant demande comment on fait les bébés, il n'a pas besoin de connaître toutes les positions du Kamasutra".
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