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Le fonctionnement de la personne autiste

Les stéréotypies : étranges mais utiles aux autistes

Caractéristiques de l’autisme, les comportements répétitifs doivent être acceptés plutôt que supprimés, car ils répondent à des besoins essentiels.

Simon Loubris
Simon Loubris
7 min de lecture
A quoi servent les comportements répétitifs et comment vivre avec ?

👋 Bonjour, c'est Simon. Voici une nouvelle lettre d'Ulysse, la newsletter qui vous aide à naviguer dans les eaux troubles du spectre de l'autisme. Merci à vous pour votre fidélité !

💬 Au sommaire

  • 🔁 Fonctionnement autistique : A quoi servent les comportements répétitifs et comment vivre avec ?
  • 👁️ Vu ailleurs : Ces femmes autistes qui s'ignorent.
  • ✒️ Entre nous : Les anniversaires, c'est pas la fête.
  • ▶️ Spectre visible : Quand la recherche s'intéresse au bien-être des enfants autistes.
  • 👩‍🎓 Webinaire : le congé de présence parentale et l'allocation journalière de présence parentale (AJPP).

🔁 Stéréotypies, comportement répétitifs, auto-stimulation : de quoi parle-t-on ?

Aligner consciencieusement ses petites voitures, tourner sur soi-même, battre des mains à toute vitesse (le fameux “flapping”). Encore. Et encore…

Pour les médecins, ces attitudes sont qualifiées de “stéréotypies” -un terme plutôt issu de la psychiatrie- ou encore de “comportements répétitifs et restreints”. Elles se manifestent dès la petite enfance, font partie des premiers signes des troubles du spectre de l'autisme , et en constituent l’un des éléments de définition, aux côtés des difficultés dans la communication et les interactions sociales.

Balancements, mots ou phrases répétées inlassablement (qu'on nomme écholalies) ou objets manipulés toujours de la même manière, procurent aux enfants comme aux adultes des sensations visuelles, auditives, tactiles ou vestibulaires (c’est à dire liées au mouvement ou à l’équilibre).

Pour certaines personnes autistes, ces gestes sont des “stim” ou du “stimming”, un mot dérivé de l’expression anglaise self-stimulatory behavior, qui signifie “comportement d’auto-stimulation”.

Ces types de stéréotypies motrices ou verbales se distinguent d’une autre catégorie de comportements répétitifs, dits “d’ordre supérieur”, parce que davantage liés à la pensée qu’aux sens : les routines et rituels, la recherche d'invariance et d'immuabilité et les intérêts spécifiques.

Les stéréotypies, d'où ça vient ? 

Historiquement, la recherche s’est peu intéressée aux comportements répétitifs.

Certains chercheurs estimaient qu’une stéréotypie n’était qu’un moyen pour les personnes autistes de se couper du monde extérieur. D’autres qu’ils n'avaient aucun but, simple reflet d’un système nerveux au fonctionnement désorganisé. 

On sait aujourd’hui que les stéréotypies motrices font partie du développement typique des jeunes enfants. Des perturbations du développement du cerveau pourraient expliquer pourquoi elles se maintiennent au-delà de la petite enfance chez les personnes autistes.

Des études récentes ont montré que le cerveau des personnes autistes qui s’engagent dans ces comportements répétitifs présente une activité plus importante au niveau des circuits de la récompense. Comme lorsqu’on mange un bonbon ou que l’on gagne à un jeu.

En gros, cela leur procure une sensation de bien-être. Ce qui peut justifier les répétitions de ces mouvements.

Pourquoi répéter toujours le même comportement ?

Qu'en disent les autistes eux-mêmes ?

Alistair - HParadoxæ explique dans cette vidéo sur le stim qu'en fonction des individus, de leur humeur ou de la situation du moment, ces gestes et ces mouvements répétitifs permettent aux autistes de : 

  • calmer leur anxiété, lors des moments de stress
  • générer ou maintenir une conscience de leur corps
  • concentrer leur attention
  • faire face à des sensations ou émotions écrasantes
  • les aider à communiquer leur état mental (excitation, ennui) ou émotionnel aux autres
  • et de passer le temps agréablement.

Les comportements répétitifs peuvent-ils être nuisibles ?

Parfois. C’est évidemment le cas des “auto-agressions”, comme lorsqu’une personne se cogne la tête contre un mur de façon répétée.

Les stéréotypies peuvent également être “envahissantes”, par leur constance et leur intensité, et ainsi restreindre la participation des personnes autistes à des activités importantes, comme l'apprentissage à l'école.

Leurs conséquences sociales ne sont également pas à négliger. Par leur côté étrange, elles peuvent distraire les autres personnes, susciter des moqueries, et rendre plus difficile l'intégration sociale des personnes autistes. 

Faut-il les "éliminer" ?

Pour supprimer ces comportements jugés autrefois indésirables, on utilisait des méthodes brutales : prescription de puissants médicaments antipsychotiques, claques pour les enfants ou administration de chocs électriques…

Heureusement, grâce aux témoignages des autistes eux-mêmes et à la recherche scientifique, la perception du "stimming" a considérablement évolué.


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